I. Définition et compréhension de la notion de technique
La technique, dans son sens le plus large, peut être définie comme l’ensemble des méthodes et des outils que l’homme utilise pour modifier son environnement et répondre à ses besoins. Elle est donc intrinsèquement liée à l’activité humaine, et plus particulièrement à son travail. Comme le souligne Marx dans « Le Capital », « le travail est d’abord un processus entre l’homme et la nature, un processus par lequel l’homme, par son propre agir, par sa propre action, médiatise, régule et contrôle son métabolisme avec la nature ».
La technique est donc une manifestation de l’intelligence humaine, une capacité à anticiper, à planifier et à réaliser des actions complexes pour atteindre un objectif. Elle est aussi une manifestation de la créativité humaine, une capacité à inventer de nouvelles solutions pour résoudre des problèmes. Comme le souligne Bergson dans « L’évolution créatrice », « l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication ».
La technique est enfin une manifestation de la sociabilité humaine, une capacité à coopérer, à partager des connaissances et des compétences, à construire des institutions et des cultures. Comme le souligne Durkheim dans « De la division du travail social », « la société n’est pas seulement un phénomène naturel ; elle est aussi un phénomène moral. Elle est constituée non seulement par une masse d’individus vivant dans un même territoire, par une collectivité de biens, par un ensemble d’actions et de réactions externes, mais encore par une certaine harmonie de pensée et de sentiment, par une certaine communauté de vie morale ».
II. Analyse de l’origine et de l’évolution de la technique chez l’homme
L’origine de la technique chez l’homme remonte à la préhistoire, avec l’invention des premiers outils en pierre. Ces outils étaient rudimentaires, mais ils ont permis à nos ancêtres de chasser, de pêcher, de cueillir, de se protéger, de se vêtir, de se loger. Ils ont donc joué un rôle crucial dans leur survie et leur évolution.
L’évolution de la technique chez l’homme a été marquée par plusieurs révolutions. La première a été la révolution néolithique, avec l’invention de l’agriculture et de l’élevage. Ces techniques ont permis à nos ancêtres de se sédentariser, de se nourrir plus facilement, de se multiplier plus rapidement. Elles ont donc joué un rôle crucial dans leur expansion et leur domination.
La deuxième a été la révolution industrielle, avec l’invention de la machine à vapeur et de la production en série. Ces techniques ont permis à nos contemporains de produire plus efficacement, de consommer plus abondamment, de vivre plus confortablement. Elles ont donc joué un rôle crucial dans leur prospérité et leur modernité.
La troisième est la révolution numérique, avec l’invention de l’ordinateur et de l’internet. Ces techniques permettent à nos descendants de communiquer plus instantanément, de s’informer plus globalement, de se divertir plus virtuellement. Elles jouent donc un rôle crucial dans leur connectivité et leur virtualité.
III. Comparaison de l’utilisation de la technique entre l’homme et les autres espèces
L’homme n’est pas la seule espèce à utiliser des techniques. De nombreux animaux utilisent également des techniques pour survivre et évoluer. Par exemple, les oiseaux utilisent des techniques pour construire leurs nids, les abeilles utilisent des techniques pour fabriquer leur miel, les fourmis utilisent des techniques pour organiser leur colonie.
Cependant, l’homme se distingue des autres espèces par la complexité, la diversité et l’évolution de ses techniques. Comme le souligne Leroi-Gourhan dans « Le geste et la parole », « l’homme est le seul animal qui ait réussi à externaliser ses fonctions vitales, à les projeter hors de lui-même, à les objectiver, à les techniciser. Il est le seul animal qui ait réussi à se libérer de ses instincts, à se déterminer lui-même, à se créer lui-même ».
L’homme se distingue également des autres espèces par la transmission, la diffusion et la cumulation de ses techniques. Comme le souligne Haudricourt dans « La technologie, science humaine », « la technique est un fait social, un fait culturel. Elle est transmise de génération en génération, elle est diffusée d’une société à une autre, elle est cumulée au cours de l’histoire. Elle est donc un facteur de continuité, de cohésion, de progrès ».
IV. Réflexion sur l’impact et les enjeux de la technique pour l’humanité
L’impact de la technique sur l’humanité est considérable. Elle a permis à l’homme de transformer son environnement, de maîtriser ses conditions de vie, d’améliorer son bien-être. Elle a permis à l’homme de se libérer de la nature, de se libérer du travail, de se libérer de la nécessité. Comme le souligne Marx dans « Le Capital », « la technique est le moyen par lequel l’homme se libère de la nécessité, par lequel il se réalise lui-même, par lequel il se humanise ».
Cependant, la technique pose également de nombreux enjeux pour l’humanité. Elle pose des enjeux éthiques, car elle peut être utilisée pour le meilleur comme pour le pire, pour le bien comme pour le mal, pour la vie comme pour la mort. Comme le souligne Heidegger dans « La question de la technique », « la technique n’est pas neutre, elle est une manière d’être, une manière de penser, une manière de vivre. Elle est donc une question de responsabilité, de liberté, de dignité ».
Elle pose des enjeux écologiques, car elle peut être source de pollution, de dégradation, de destruction. Comme le souligne Jonas dans « Le principe responsabilité », « la technique est une puissance sans précédent, une puissance qui dépasse notre capacité de prévision, de contrôle, de réparation. Elle est donc une question de précaution, de préservation, de durabilité ».
Elle pose enfin des enjeux politiques, car elle peut être source d’inégalités, de dominations, de conflits. Comme le souligne Ellul dans « La technique ou l’enjeu du siècle », « la technique est une puissance qui s’impose à tous, une puissance qui échappe à tous, une puissance qui divise tous. Elle est donc une question de justice, de démocratie, de paix ».