Choisit-on d’être celui qu’on est ?

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Le sujet de notre dissertation nous invite à porter un regard critique et philosophique sur la question de l’identité. Plus précisément, il s’agit d’engager une réflexion sur une problématique qui peut paraître à première vue simple, mais qui se révèle être d’une complexité déstabilisante : « Choisit-on d’être celui qu’on est ? ». Peut-on réellement décider de qui nous souhaitons être ou sommes-nous condamnés par notre hérédité, notre environnement et le milieu socio-culturel dans lequel nous évoluons ? Cette question soulève des enjeux profonds touchant à la notion de liberté, d’autonomie et de détermination de l’identité. Pour y répondre, nous aborderons d’abord la question du libre arbitre dans la formation de l’identité, puis nous analyserons en second lieu l’influence de l’environnement et du contexte social sur notre construction identitaire. Par la suite, nous discuterons de la capacité d’agir sur notre devenir malgré l’impact déterminant de l’hérédité et de l’éducation. Enfin, nous questionnerons la quête d’autonomie dans la construction de l’identité personnelle.

I. Exploration de la notion du libre arbitre dans la formation de l’identité

La notion de libre arbitre est l’un des fondements philosophiques de l’individualisme. Elle suppose que chaque individu a une capacité de décision autonome, lui permettant de faire des choix indépendamment des contraintes extérieures. Cette capacité de décision serait alors le moteur principal de la formation de notre identité. En effet, nos choix et décisions quotidiens nous définissent en tant qu’individus uniques.

Néanmoins, la question se pose : sommes-nous vraiment totalement libres de nos choix ? Selon le philosophe Jean-Paul Sartre, nous sommes « condamnés à être libres ». Cette affirmation peut sembler paradoxale, mais elle met en relief l’idée que l’existence même de notre libre arbitre nous oblige à faire des choix, et donc à être responsables de ces derniers. Ainsi, la liberté ne serait pas seulement une capacité de décision, mais aussi une contrainte en soi.

Mais ce positionnement existentialiste est contesté par d’autres écoles philosophiques, notamment le déterminisme. Selon le déterminisme, nos choix ne seraient que la conséquence logique de facteurs antérieurs (notre éducation, notre environnement, etc.) qui détermineraient notre comportement de manière prévisible. Cette perspective pose alors un sérieux défi à l’idée d’un libre arbitre absolu.

Enfin, d’autres philosophes, comme Kant, proposent une conception plus nuancée du libre arbitre. Selon Kant, notre libre arbitre ne serait pas absolu, mais il serait en mesure de résister à certaines contraintes extérieures. Ce libre arbitre serait la base de la « dignité humaine », nous permettant de nous affirmer comme des êtres autonomes et responsables.

II. L’influence de l’environnement et du contexte social sur l’individu

L’environnement et le contexte social jouent un rôle fondamental dans la formation de notre identité. En particulier, la sociologie met en lumière comment les normes et les valeurs de notre société influencent nos comportements et notre manière de penser.

Ainsi, notre environnement social conditionne nos attentes et nos aspirations. Il structure notre vision du monde et notre perception de nous-mêmes. Comme l’explique Emile Durkheim, un des piliers de la sociologie moderne, l’individu est un produit de la société dans laquelle il vit.

Ceci dit, il serait réducteur de considérer l’individu comme un simple reflet de son environnement social. L’individu n’est pas un simple passif face à son environnement, il fait aussi preuve d’initiative et de créativité. Il est capable de se réapproprier les codes sociaux pour s’exprimer de manière unique et personnelle.

Ainsi, même si l’individu est influencé par son environnement social, il garde une certaine marge de manœuvre. Cette marge de manœuvre est essentielle pour qu’il puisse développer une identité propre, distincte de celle imposée par les normes sociales.

III. L’inné et l’acquis : La part de l’hérédité et de l’éducation dans la détermination de l’être

La question de la part de l’inné et de l’acquis dans la formation de l’identité a été l’objet de nombreux débats philosophiques et scientifiques. L’hérédité et l’éducation sont-elles les deux facteurs fondamentaux qui déterminent ce que nous sommes ?

L’hérédité joue un rôle indéniable dans la formation de notre identité. Nos caractéristiques génétiques nous prédisposent à certaines caractéristiques physiques et psychologiques. Néanmoins, ces dispositions ne sont que des prédispositions, et notre environnement (notamment notre éducation) joue un rôle crucial dans leur développement.

L’éducation, dans son sens le plus large, englobe toutes les influences extérieures qui contribuent à notre développement. Elle inclut notre éducation formelle (à l’école, à l’université), mais aussi notre éducation informelle (à travers nos interactions avec notre famille, nos amis, notre environnement culturel, etc.). Cette éducation nous transmet des connaissances, des compétences, mais aussi des valeurs et des normes qui façonnent notre façon de penser et de nous comporter.

Ainsi, l’inné et l’acquis interagissent de façon complexe dans la formation de notre identité. L’un ne peut être pensé sans l’autre, et c’est cette interaction entre l’inné et l’acquis qui nous permet de devenir celui que nous sommes.

IV. La quête d’autonomie dans la construction de l’identité personnelle.

En fin de compte, la question de savoir si l’on choisit d’être celui que l’on est se résume souvent à une quête d’autonomie. C’est-à-dire à la capacité de se définir soi-même, indépendamment des contraintes qui nous sont imposées.

Cette quête d’autonomie est au cœur de nombreuses philosophies. Pour le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, par exemple, l’individu doit façonne son identité en surmontant les contraintes que lui impose le monde extérieur. Cette démarche héroïque de création de soi-même est ce que Nietzsche appelle la « volonté de puissance ».

Mais cette quête d’autonomie n’est pas toujours facile. Elle exige du courage, de l’audace et une volonté constante d’apprendre et de changer. Elle suppose aussi d’accepter de remettre en question les certitudes que nous avons héritées de notre éducation, de notre environnement social ou même de notre hérédité.

En fin de compte, la quête d’autonomie implique de reconnaître que l’on est à la fois un produit et un acteur de notre propre histoire. Elle suppose de reconnaître que, si nous sommes influencés par notre environnement et nos gènes, nous avons aussi la capacité de nous affirmer comme des êtres uniques, capables de faire nos propres choix et de créer notre propre identité.

Conclusion

En conclusion, la question de savoir si on choisit d’être celui qu’on est, est complexe et dialogue avec diverses disciplines comme la philosophie, la sociologie, la psychologie et la biologie. L’individu n’est pas seulement un agent libre qui se construit lui-même en toute autonomie, mais il est aussi le produit de diverses forces externes – environnementales et sociales – et internes – héréditaires et éducatives. Ceci illustre l’idée que notre identité est un patchwork de plusieurs éléments interagissant de manière complexe. Cependant, il est également vrai qu’il existe une marge de liberté permettant à l’individu de briser l’influence potentielle de ces déterminants, et de s’engager activement dans la construction de sa propre identité. Finalement, si on choisit d’être celui qu’on est, c’est dans un rapport dialectique avec ces déterminants, mélange complexe entre détermination et liberté. Cette idée invite à poursuivre notre réflexion sur la notion de responsabilité et sur la manière dont nous pouvons agir pour devenir les architectes conscients de notre propre vie.

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